TRANS/APPARENCE (2021)

Edition de 5 + 1 EP
80x100 cm
impression encre pigmentaire      


« II y a donc du diaphane », dit Aristote, en définissant la vue qui transperce, grâce à la lumière, l'opacité du monde, pour mettre en acte sa visibilité et la rendre intelligible. Ce concept — le diaphane — traduit le travail de la lumière dans la trans-apparence des choses et la progression (propension) infinie de la matière qui se révèle, au-delà de ses épaisseurs, comme réceptacle de cette même lumière.
Relié au visible et forcément à l'image, le diaphane est un concept de la manifestation, un « instrument » de la physique (de l'optique) et une métaphore de la contemplation, trop souvent rencontrée dans les visions des mystiques. Concept « oublié », il a son histoire et sa décadence — un trajet particulièrement exemplaire dans la pensée médiévale, aussi bien dans les discussions autour de la phénoménalité de la lumière (lux et lumen) dans le monde, que dans les disputes autour de la nécessité, 1' « authenticité » et la valeur de l'image, en un mot, autour de 1' « iconicité » de l'image dans le rapport entre la visibilité et le Prototype.
Le premier à parler du diaphane c'est donc Aristote, dans son traité De l'Ame. Il est le premier à assigner au diaphane un rôle fondamental dans le modèle théorique de la vue. En effet, ce qui est visible, se manifeste à la visibilité grâce au diaphane, à l'acte de celui-ci (qu'est la lumière) et à une couleur qui est autre par nature que la lumière et que le diaphane, mais qui est la seule à donner aux deux autres et à la vue, accès au visible. Pour Aristote, le diaphane semble être le milieu, « l'air » que traverse le regard, la distance à travers laquelle se transmet à l'oeil la visibilité de l'objet regardé.

Vasiliu Anca. Le mot et le verre. Une definition médiévale du diaphane.. In: Journal des savants, 1994, n° pp. 135-162
https://doi.org/10.3406/j...94_num_1_1_1577