LE VISITEUR (2019)

Tout part d’un tableau (le portrait banal d’un bourgeois) accroché dans la salle à manger de mon voisin. C’est une huile sur toile datée de 1871 et signée Chautard*. Mon projet consiste à photographier l’oeuvre dans des lieux où l'art a lieu selon un protocole qui lui ne change pas : chambre 4x5 », couleur, cadrage frontal, même rapport de grandissement du tableau au sein de l’image. C’est une série. De cette ensemble d’images doit se dégager trois problématiques fondamentales : la question de la différence et de la répétition, la question du réel et du simulacre, la question du lieu du voir. Ce sont mes mots-clés. Le visiteur agit de plusieurs manières. Si l’on se réfère au sens du verbe visiter, le visiteur est celui qui rend visite à quelqu’un, celui qui est admis auprès de quelqu’un, celui qui fréquente ou examine un lieu déterminé, celui qui pénètre dans un lieu pour y dérober quelque chose. Mais c’est l’étymologie du terme qui reste la plus explicite quant au projet que je souhaite développer. En effet, le verbe visiter est issu du latin visitare signifiant « voir souvent », fréquentatif de videre « voir «. Ainsi le tableau de Chautard devient-il l’objet transversal qui me permet de « voir des lieux où voir a lieu ». C’est ça qui m’intéresse. C’est là que je veux être en tant qu’artiste ; poser la question du lieu, de l’oeuvre et de la mécanique du regard. *Joseph Thomas Chautard, né à Avignon en 1821 et mort à Paris en 1887