PUPA (2019)

Sans être un « artiste à poupées », Jean Luc Cormier s’était déjà emparé de ce signifiant, idole et chimère, avec la série Mannequins en 1993 et plus directement avec une photographie intitulée « Le regard de la poupée » réalisée le 11 septembre 2001 dans le cadre de son projet « 365_jours ». Avec la série PUPA, l’artiste revient interroger cet obscur objet de désir et de peur, en créant un univers singulier qui mêle quotidienneté et étrangeté. D’aucuns disent que tout piège est un dispositif cognitif. Si la poupée est un piège à fantasmes et à utopies, il a paru évidant à l’artiste d’opter pour une démarche esthétique qui piège à son tour ce par quoi elle vient à l’image, c’est à dire la lumière elle-même. C’est la lumière ainsi prise au piège de la solarisation qui autorise « une certaine indistinction » entre récréationet subversion, entre simulation et représentation, en montrant à la fois la toute puissance du réel et l’implacable cruauté du simulacre. Man Ray, Raoul Ubac, Valérie Belin, pour ne citer que ces artistes, ont convoqué, comme on le sait, solarisation dans leurs travaux. Avec PUPA, Jean Luc Cormier le fait à sa manière, en revenant inlassablement sur la question du semblable et du différant.